L’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Économiques (OLUCOME) a demandé au gouvernement burundais de faire preuve de courage en démissionnant, jugeant son incapacité à gérer la crise économique actuelle comme un échec retentissant.
Lors d’une conférence de presse tenue à Bujumbura ce mardi, Gabriel Rufyiri, président de l’organisation, a dénoncé une gouvernance marquée par la corruption et l’inefficacité.
Depuis avril 2024, le Burundi connaît une hausse spectaculaire des prix des produits de base, oscillant entre 31 % et 400 %, selon un rapport de l’OLUCOME.
Cette situation est attribuée à une mauvaise gouvernance, à une production nationale insuffisante et à une pénurie de devises. Les produits de première nécessité deviennent inaccessibles pour une grande partie de la population, aggravant les tensions sociales dans le pays.
Pour Gabriel Rufyiri, la seule solution envisageable est un changement au sommet de l’État. Il a appelé à la démission immédiate de la ministre du Commerce et de l’ensemble du gouvernement, qu’il accuse de manquer de la volonté nécessaire pour prendre des décisions structurelles.
Il estime également que les dirigeants burundais devraient s’inspirer des pratiques politiques internationales, où la démission est perçue comme un acte d’intégrité face à l’échec.
« Il faut un courage que ce gouvernement n’a pas pour reconnaître son échec et céder la place à d’autres », a-t-il déclaré.
L’OLUCOME a aussi proposé des mesures concrètes pour faire face à la crise. Parmi celles-ci figure la contraction d’un prêt de 500 millions de dollars, qui servirait à stabiliser les approvisionnements en carburant et à relancer les secteurs clés de l’économie, comme l’agriculture et les mines.
Selon Rufyiri, un tel financement permettrait de rétablir un système de rotation pour l’importation de carburant, tout en investissant dans la production de biens d’exportation comme le café, le thé ou encore le coton.
Cependant, le président de l’organisation reste sceptique quant à la mise en œuvre de ces réformes sous l’administration actuelle. Il pointe du doigt l’implication des hauts responsables dans des activités commerciales privées, une pratique illégale qui, selon lui, empêche toute amélioration notable du climat économique et dissuade les investisseurs étrangers.
Malgré les appels pressants de l’OLUCOME, le gouvernement burundais n’a pas encore réagi officiellement.
Lors d’une rencontre avec des diplomates, le ministre des Affaires étrangères, Albert Shingiro, a brossé un tableau positif de la situation du pays, mettant en avant des progrès en matière de gouvernance et de stabilité.
Ces déclarations ont cependant laissé les observateurs sceptiques, compte tenu des défis criants auxquels le Burundi fait face.
Face à cette inaction, Rufyiri appelle les citoyens burundais à ne pas se résigner et à réclamer des changements structurels. Il promet également d’intensifier ses efforts pour sensibiliser l’opinion publique à la gravité de la crise et à l’urgence d’y remédier.
Alors que le pays traverse une période critique, les appels de l’OLUCOME mettent en lumière les dysfonctionnements systémiques de la gouvernance burundaise et soulignent l’urgence d’une réponse adaptée pour éviter une aggravation de la crise.