La nouvelle loi sur les confessions religieuses au Burundi, qui entrera en vigueur le 16 septembre 2024, impose des exigences strictes aux dirigeants religieux et aux lieux de culte. Parmi ces mesures figurent l’obligation pour les leaders d’avoir un baccalauréat, une régulation accrue des financements étrangers et des distances minimales entre les églises.
Ces nouvelles dispositions suscitent déjà de vives réactions et des inquiétudes au sein des communautés religieuses du pays.
L’une des principales préoccupations concerne la distance imposée entre les lieux de culte, qui doit être d’au moins 500 mètres en zone urbaine et d’un kilomètre en zone rurale. Dans plusieurs quartiers de Bujumbura, cette règle est loin d’être respectée.
Par exemple, sur l’avenue de la Jeunesse, trois églises se trouvent à moins de 100 mètres les unes des autres. Les dirigeants religieux craignent que cette disposition ne conduise à la fermeture de nombreux lieux de culte déjà établis.
Un autre aspect de la loi qui fait débat est l’exigence pour les dirigeants religieux d’avoir un diplôme de baccalauréat. Selon certains, cette mesure est déconnectée de la réalité spirituelle.
Prosper Bigirimana, pasteur de l’Église Beloved Church, explique : « La vocation divine ne dépend pas d’un diplôme. Dieu choisit ses serviteurs indépendamment de leur parcours scolaire. »
Il estime également que le délai de deux ans accordé pour se conformer à ces exigences est insuffisant pour ceux qui n’ont pas le niveau requis.
La gestion des financements étrangers est un autre point sensible. La nouvelle loi exige que tous les fonds provenant de l’extérieur passent par la Banque de la République du Burundi (BRB) et fassent l’objet d’un rapport au ministère de l’Intérieur.
Bien que certains responsables religieux, comme le révérend Sylvestre Bizimana du Conseil national des Églises du Burundi (CNEB), jugent cette mesure peu contraignante, d’autres craignent que cela ne limite l’indépendance des confessions.
Enfin, la limitation des mandats des dirigeants religieux à cinq ans ne semble pas poser de problème majeur, puisque de nombreuses églises respectaient déjà cette durée avant l’adoption de la loi.
Toutefois, des inquiétudes persistent quant à la lenteur des services administratifs pour la délivrance des permis de construction et l’officialisation des accords-cadres entre l’État et les églises affiliées à des institutions étrangères.
Malgré les défis, les dirigeants religieux espèrent que l’État restera ouvert à une prolongation des délais pour se conformer aux nouvelles exigences, tout en appelant à une collaboration plus fluide avec les autorités publiques.