En ce mois de septembre 2025, Kigali s’apprête à entrer dans l’histoire en devenant la première ville africaine à accueillir les Championnats du monde de cyclisme sur route. Pendant une semaine, du 21 au 28, les routes escarpées des mille collines deviendront l’épicentre de l’un des événements sportifs les plus médiatisés au monde, retransmis sur tous les continents.

Pour le Rwanda, c’est bien plus qu’une compétition : c’est l’occasion de consolider son image de destination sportive et touristique de premier plan.

Ce choix n’est pas un hasard.

Depuis plusieurs années, le pays a mis le cyclisme au cœur de sa stratégie d’influence. Le Tour du Rwanda, devenu course UCI 2.1 en 2019, attire chaque février des équipes internationales et des milliers de spectateurs.

Les routes de Kigali, Musanze ou Rubavu, bordées d’un public enthousiaste, offrent à chaque édition des images spectaculaires qui circulent bien au-delà des frontières nationales.

Pour Byiza Renus Uhiriwe, 23 ans, sprinteur formé à Musanze et champion d’Afrique U23, c’est une consécration : « Je m’entraîne sur ces routes depuis des années. Savoir qu’en septembre elles seront vues par la planète entière, c’est une motivation immense pour nous, jeunes coureurs », confie-t-il.

Jean Bosco Nsengimana, vainqueur du Tour en 2015 et enfant de Musanze, y voit une revanche personnelle : « J’ai commencé en pédalant pour gagner quelques francs comme taxi-vélo. Voir aujourd’hui nos collines devenir l’épicentre du cyclisme mondial, c’est une fierté immense ».

L’engagement du Rwanda pour le sport se lit aussi dans ses infrastructures.

Le stade Amahoro, rénové et rouvert en juillet 2024, peut désormais accueillir plus de 45 000 spectateurs dans des conditions conformes aux standards internationaux.

La BK Arena, plus grande salle couverte de la région, est devenue le fief des finales de la Basketball Africa League, diffusées en direct à travers le continent.

Plus discret mais symbolique, le Gahanga Cricket Stadium témoigne de la volonté du pays de diversifier son offre.

À côté du cyclisme, d’autres disciplines trouvent leur place.

Chaque mois de juin, le Kigali International Peace Marathon rassemble coureurs amateurs et professionnels venus de la région et d’ailleurs, avec un label officiel World Athletics qui crédibilise l’événement.

À Rubavu, sur les rives du lac Kivu, l’IRONMAN 70.3 attire triathlètes et touristes séduits par la combinaison rare de paysages volcaniques, d’eau douce et d’infrastructures sécurisées.

Mais au Rwanda, le sport n’est pas réservé aux grandes compétitions.

Chaque Car-Free Day, organisée deux dimanches par mois, transforme Kigali en gigantesque terrain de sport à ciel ouvert. Plus de 10 000 habitants se rassemblent pour courir, pédaler ou marcher sur des avenues sans voitures.

Pour Aline, mère de famille, c’est un rendez-vous incontournable : « On sort les vélos avec mes enfants, on respire, on profite de la ville autrement. C’est devenu notre rituel ».

Les Kigali Night Runs, organisées dans le centre-ville, ajoutent une touche festive et urbaine à cette culture sportive en plein essor.

Cette stratégie sportive s’inscrit dans une diplomatie de marque ambitieuse.

Avec la campagne « Visit Rwanda », le pays a placé son nom sur les maillots d’Arsenal, du Paris Saint-Germain et de l’Atlético de Madrid. Ces partenariats, largement médiatisés, créent un effet d’entraînement : ils installent le Rwanda dans l’imaginaire collectif mondial et incitent curieux et passionnés à envisager un voyage.

En septembre prochain, lorsque les caméras suivront le peloton du Mondial UCI dans les virages de Kigali et sur les routes vallonnées des provinces voisines, le Rwanda jouera une carte décisive.

Au-delà de la compétition, il s’agit de convertir cette visibilité en séjours touristiques, en circuits vélo permanents et en packages combinant sport, culture et nature.

Le pays mise sur ses collines comme d’autres sur leurs plages : pour séduire, raconter et attirer.

À Rubavu, sur les rives du lac Kivu, l’IRONMAN 70.3 attire triathlètes et touristes séduits par la combinaison rare de paysages volcaniques, d’eau douce et d’infrastructures sécurisées
Le Tour du Rwanda, devenu course UCI 2.1 en 2019, attire chaque février des équipes internationales et des milliers de spectateurs