
À seulement 23 ans, Sada Nahimana incarne l’espoir et la persévérance d’une génération. Née à Buyenzi, au cœur de Bujumbura, elle a troqué les ruelles animées de son quartier natal pour les courts les plus prestigieux de la planète. Cet été, son rêve d’enfant l’a conduite jusqu’à New York, sur les terres de l’US Open, l’un des quatre tournois les plus mythiques du tennis mondial.
Tout a commencé lorsqu’elle n’avait que huit ans.
Raquette en main, la petite Sada découvre le tennis à l’Entente Sportive de Bujumbura.
Très vite, son talent dépasse les limites du pays. En 2013, à l’âge où beaucoup d’enfants s’habituent encore aux bancs de l’école, elle quitte le Burundi pour rejoindre le Centre de développement de la Fédération internationale de tennis à Casablanca.
Là, elle s’entraîne sans relâche, nourrit son ambition et se forge une identité de sportive déterminée.
Le travail paie rapidement. En 2019, elle grimpe jusqu’à la 12ᵉ place mondiale chez les juniors et décroche le titre de championne d’Afrique junior.
Ses performances l’ouvrent aux grandes compétitions : US Open, Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires, Open d’Australie, Roland-Garros…
Partout, elle écrit une page nouvelle pour le sport burundais, devenant la première à hisser les couleurs du pays à ce niveau.
Depuis 2020, c’est à la célèbre Mouratoglou Academy, en France, qu’elle poursuit son ascension.
Les observateurs l’ont surnommée la « Serena Williams de Bujumbura », tant son style de jeu et sa détermination impressionnent.
Qualifiée cette année pour les éliminatoires de l’US Open, elle s’incline au premier tour face à la Française Manon Léonard.
Mais pour Sada, cette défaite n’a rien d’un frein.
« J’ai été très contente de jouer jusqu’à ce niveau. Même si je n’ai pas gagné, je suis fière d’avoir représenté le Burundi et l’Afrique », confiait-elle avec un large sourire.
Pour la jeune athlète, chaque match est une mission. Elle veut honorer son pays et inspirer la jeunesse burundaise, en particulier les filles.
« Je veux être un modèle. J’espère qu’un jour, d’autres petites filles de Bujumbura prendront une raquette et croiront en leurs rêves », dit-elle.
Son regret ? Que les Burundais n’aient pas souvent l’occasion de suivre ses matchs, organisés le plus souvent en Europe, en Asie ou en Amérique.
Mais cela ne l’empêche pas de garder un lien fort avec sa communauté, qu’elle appelle à soutenir les sportifs de la diaspora.
Au-delà du tennis, Sada Nahimana se sent investie d’une mission plus large : faire connaître son pays. Elle raconte avec un brin de tristesse combien il est fréquent que l’on confonde encore le Burundi avec ses voisins.
« Nous avons le devoir, nous qui vivons à l’étranger, de promouvoir l’image de notre pays. »
Dans ses yeux, on lit une ambition sans limite.
La fillette de Buyenzi est devenue une athlète professionnelle qui rêve grand, mais qui n’oublie jamais d’où elle vient.
Sur chaque court, à chaque frappe de balle, Sada Nahimana porte en elle la fierté d’un peuple et l’avenir d’un sport encore en construction au Burundi.