
Dans le vaste camp de réfugiés installé au sud-ouest de l’Ouganda, le ballon rond est en train d’accomplir ce que les discours et les appels officiels peinent souvent à réaliser : rassembler des communautés divisées.
L’Association de football de Nakivale a lancé il y a une semaine un tournoi inter-équipes qui attire chaque soir une foule de spectateurs venus encourager joueurs burundais, congolais ou somaliens.
Derrière l’initiative, l’ambition est claire : offrir aux jeunes une alternative aux dérives souvent observées dans le camp, telles que la consommation d’alcool, le recours au chanvre ou les grossesses précoces.
Mais le terrain de football s’est révélé être bien plus qu’un simple espace de distraction.
En unissant des nationalités et des sensibilités politiques parfois opposées, il devient un véritable lieu de réconciliation.
Un réfugié burundais raconte ainsi avoir assisté à une scène marquante : des Congolais autrefois divisés entre partisans du gouvernement et sympathisants de l’opposition se sont retrouvés côte à côte, applaudissant la même équipe, quand auparavant ils s’évitaient avec méfiance.
Pour lui, cette image illustre la puissance du sport dans la reconstruction des liens sociaux.
Les organisateurs ne cachent pas leur fierté devant l’enthousiasme grandissant.
Selon un leader local, le tournoi a dépassé ses objectifs initiaux : « Au-delà de la prévention des comportements à risque, on voit se dessiner une union nouvelle entre réfugiés de différentes origines. »
Une affirmation confirmée lors du match récent entre Bukavu Dawa et Sangano, remporté 2–0 par l’équipe congolaise.
À la surprise générale, supporters et adversaires se sont félicités mutuellement, dans un esprit de fair-play rarement observé jusque-là.
Chaque soir, le terrain du village de New Congo se transforme ainsi en point de rendez-vous incontournable. La compétition n’en est encore qu’à sa phase éliminatoire, mais elle suscite déjà une ferveur populaire qui dépasse le simple cadre sportif.
Dans ce camp qui abrite plus de 150 000 réfugiés, dont une majorité venue du Burundi mais aussi de Somalie, du Rwanda, de la RDC, du Soudan, d’Éthiopie ou encore d’Érythrée, le tournoi apparaît comme une respiration collective et une promesse de fraternité.