Bertrand Bisimwa, coordinateur politique et diplomatique de AFC/M23, a adressé un avertissement sévère au président Ndayishimiye, dénonçant l’ingérence continue de ce dernier dans les affaires des Banyamulenge et la persécution de cette communauté sur leur propre territoire en République démocratique du Congo (RDC).

Selon Bisimwa, la situation à Minembwe, dans le Sud-Kivu, demeure extrêmement préoccupante.

Il dénonce la convergence d’acteurs armés – forces burundaises, FARDC, groupes FDLR et milices Wazalendo – qui contribuent à l’instabilité et à l’oppression de la population locale.

L’accès à cette région est aujourd’hui strictement contrôlé : les habitants se trouvent confinés, incapables de subvenir à leurs besoins élémentaires ou de circuler librement.

« Les Banyamulenge sont expulsés de leur propre terre par des forces burundaises alliées aux troupes du président Tshisekedi. Ceux qui sont nés ici deviennent des étrangers sur leurs terres ancestrales », a déclaré Bisimwa.

Il a rappelé que ce type de politique rappelle l’histoire douloureuse de 1996, lorsque les autorités congolaises avaient sommé les Banyamulenge de quitter leurs terres en quelques jours.

Le coordinateur de l’AFC/M23 a exprimé son indignation face à l’implication directe du Burundi, soulignant que cette ingérence exacerbe les tensions et menace la coexistence entre Congolais et Burundais.

« Nous n’avons aucun différend avec le peuple burundais, mais leurs interventions provocatrices et discriminatoires sont inacceptables. Nous ne tolérerons pas que nos terres soient dérobées », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, Bisimwa a mis en garde contre les conséquences politiques et militaires pour ceux qui poursuivent ces actions, annonçant que les Banyamulenge défendront leur territoire « par tous les moyens nécessaires » si les forces burundaises ne se retirent pas volontairement.

Cette alerte s’inscrit dans un contexte plus large.

En septembre 2025, le politicien Moïse Nyarugabo a rapporté le déploiement de plus de 10 000 soldats burundais dans le Sud-Kivu, dans un plan dénoncé comme visant l’éradication de l’ethnie Banyamulenge, une opération qui aurait commencé en 2017.

Selon Nyarugabo, l’offensive initiale menée par des milices Mai Mai ciblait les communautés Bafulero, Babembe et Banyindu, tandis que l’État congolais restait passif, avant la création du groupe MRDP-Twirwaneho pour protéger les Banyamulenge.

Les violences ont eu des conséquences dramatiques : des centaines de villages détruits, des milliers de victimes et la spoliation massive de bétail et de biens, entraînant d’importants flux de réfugiés vers le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya.

Enfin, Bisimwa a également évoqué les accords militaires confidentiels signés en août 2023 entre le Burundi et la RDC, prévoyant l’envoi de 12 000 soldats burundais pour lutter contre le M23 dans le Nord-Kivu.

Malgré ces interventions, le M23 continue de revendiquer la protection des Banyamulenge, illustrant la complexité et l’ampleur de la crise dans cette région stratégique.