
Dix ans après la violente crise politique de 2015, le Burundi peine toujours à tourner la page des violations massives des droits humains. Dans un communiqué diffusé le 9 juillet, Amnesty International dresse un sombre constat : l’impunité demeure la règle et les atteintes aux droits fondamentaux se poursuivent dans un climat de peur et de répression.
En 2015, la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat avait déclenché un vaste mouvement de contestation populaire.
La réponse du pouvoir avait alors été d’une extrême brutalité : manifestations pacifiques violemment dispersées, tentative de coup d’État avortée, puis une spirale de violences marquée par des assassinats ciblés, des disparitions forcées, des actes de torture et des violences sexuelles.
Dix ans plus tard, Amnesty International souligne que de nombreuses exactions restent sans suite judiciaire.
L’organisation pointe notamment la condamnation controversée du docteur Christophe Sahabo, ex-directeur de l’hôpital Kira, ainsi que les pressions exercées sur des journalistes.
Les déclarations hostiles du président Évariste Ndayishimiye à l’encontre des défenseurs des droits humains inquiètent également les observateurs.
Par ailleurs, le climat politique reste verrouillé.
Lors des élections législatives et locales du 5 juin dernier, l’absence de réelle compétition a été relevée : plusieurs figures de l’opposition, dont Agathon Rwasa, ont été écartées de la course électorale.
Dans les provinces, Amnesty International signale que des jeunes Imbonerakure, liés au parti au pouvoir, continuent d’exercer des intimidations et des violences contre les opposants.
Face à cette situation, l’organisation appelle les autorités burundaises à rompre avec la culture de l’impunité.
Elle réclame l’ouverture d’enquêtes indépendantes, la mise en place d’un tribunal spécial pour juger les crimes les plus graves et une pleine coopération avec la Cour pénale internationale, engagée sur le dossier burundais depuis 2017.
Amnesty International exhorte également le gouvernement à renforcer la Commission nationale des droits de l’homme pour qu’elle puisse remplir sa mission sans entrave.
Enfin, l’organisation plaide pour l’instauration d’un dialogue inclusif réunissant acteurs politiques, société civile, femmes et jeunes, afin de jeter les bases d’une paix durable.
Dix ans après les tragiques événements de 2015, le chemin vers la justice et la réconciliation nationale reste semé d’embûches.