Depuis plusieurs semaines, un malaise administratif s’installe dans les communes du pays : malgré la fin des élections locales, les administrateurs fraîchement élus n’ont toujours pas pris leurs fonctions. En l’absence du décret présidentiel nécessaire à leur investiture, des milliers de citoyens se trouvent aujourd’hui dans une impasse totale.

Dans les bureaux communaux, l’activité semble normale. Les guichets sont ouverts, les fonctionnaires présents, les dossiers s’accumulent.

Mais derrière cette routine, une réalité plus préoccupante se cache : l’impossibilité de délivrer certains documents cruciaux. Carte nationale d’identité, certificat foncier, actes de succession… autant de pièces suspendues à une signature officielle qui ne vient pas.

« On ne peut rien faire sans l’administrateur. Tout est prêt, les gens attendent, mais on ne peut pas valider les dossiers », confie un agent communal, qui préfère garder l’anonymat.

Il souligne un paradoxe cruel : des administrations actives, mais impuissantes.

Les conséquences de ce blocage sont loin d’être symboliques.

À la périphérie de Bujumbura, une mère explique son désarroi : « Mon enfant est malade, mais on me demande ma carte d’identité à l’hôpital. On ne veut pas de ma parole, il faut un papier que je ne peux pas obtenir. »

Certaines femmes enceintes affirment avoir été refusées dans des centres de santé, soupçonnées d’être étrangères en raison de l’absence de documents, rapporte le journal Sos Media.

Ce vide administratif touche également le droit de propriété. Les dossiers liés aux terrains ou aux successions sont en attente, avec parfois des enjeux familiaux et financiers importants.

« Tout est gelé. On ne peut même pas faire authentifier une donation », déplore un habitant de la commune urbaine de Mukaza.

En toile de fond, une seule question : quand le décret présidentiel sera-t-il signé ?

Tant que ce texte ne paraîtra pas, les administrateurs élus resteront sans pouvoir légal. Et les citoyens, eux, devront patienter sans visibilité, privés de leurs droits les plus élémentaires.