Le camp de réfugiés burundais de Nduta, situé au nord-ouest de la Tanzanie, est plongé dans une atmosphère de peur et de suspicion après une série de morts inexpliquées, survenues depuis le mois de juillet. Des rumeurs persistantes d’empoisonnement circulent parmi les réfugiés, en particulier autour de la cible présumée : ceux qui s’opposent au rapatriement forcé vers le Burundi.

Selon les informations du journal SOS Médias Burundi, au moins dix réfugiés, dont des enseignants et des volontaires d’ONG humanitaires, sont décédés la semaine dernière après avoir souffert de violentes douleurs abdominales.

Transportés d’urgence à l’hôpital, ils sont morts peu après, sans qu’aucune cause médicale précise ne puisse être établie.

Ces morts brutales ont accentué un climat de méfiance généralisée au sein du camp, et nourri les accusations selon lesquelles certains membres de la communauté seraient délibérément visés.

L’affaire a connu un tournant majeur lorsqu’un réfugié de la zone 5 a été surpris en flagrant délit de tentative d’empoisonnement.

Selon les témoignages recueillis, cet individu aurait d’abord expérimenté une substance toxique sur ses animaux, tous morts dans les minutes qui ont suivi.

Une fois dénoncé par ses voisins, il a été arrêté et placé en détention.

Lors de ses premières auditions, il aurait avoué faire partie d’un groupe plus large en possession de produits destinés à éliminer ceux qui résistent au rapatriement.

Les aveux du suspect ont conduit à l’arrestation d’au moins cinq autres personnes.

Une source administrative du camp affirme que les premiers éléments des enquêtes évoquent clairement un lien entre ces actes criminels et les pressions liées au retour vers le Burundi, organisé par les gouvernements burundais et tanzanien avec la collaboration du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Cette situation met en lumière de lourds soupçons de complicité à l’intérieur même de l’administration du camp.

Plusieurs réfugiés dénoncent une forme de connivence entre certains agents tanzaniens et des éléments liés aux autorités burundaises.

Beaucoup redoutent que les crimes soient tolérés, voire encouragés, pour briser les résistances internes à un rapatriement perçu comme dangereux ou forcé.

Dans ce contexte de suspicion, le rôle de la Tanzanie est de plus en plus critiqué.

En tant que pays hôte, elle a l’obligation de protéger les réfugiés sous sa responsabilité.

Pourtant, rien ne semble être mis en place pour prévenir ces actes ni pour protéger les cibles potentielles.

La lenteur des enquêtes, l’opacité des arrestations et l’absence de réaction officielle trahissent une forme de désintérêt, sinon de complaisance.

Quant au HCR, sa passivité choque.

Chargée de la protection internationale des réfugiés, l’agence onusienne semble dépassée par les événements, ou volontairement silencieuse.

Aucun communiqué n’a été publié pour dénoncer la situation, encore moins pour exiger des enquêtes indépendantes.

Son implication dans le processus de retour vers le Burundi, pourtant fortement contesté, jette une ombre inquiétante sur sa neutralité et sa capacité à agir.

Les réfugiés de Nduta, nombreux à craindre pour leur vie, réclament aujourd’hui une intervention urgente de la communauté internationale.

Ils exigent la suspension immédiate des rapatriements forcés, la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, et la protection des opposants menacés.

Ce camp, censé offrir un refuge aux victimes de persécution, est en train de devenir un lieu de traque silencieuse.

La Tanzanie ne peut plus prétendre ignorer ce qui s’y passe. Et le HCR ne peut plus détourner le regard. Le silence, dans ce cas, n’est rien d’autre qu’une complicité.