
Dans un monde où la perception de la sécurité reste souvent un baromètre du développement, le Rwanda vient de réaliser ce que beaucoup n’auraient osé imaginer il y a trois décennies : se hisser devant les puissances occidentales sur la question de la sûreté publique.
Selon le Gallup Global Safety Report 2025, le pays des mille collines figure désormais parmi les nations où les citoyens se sentent le plus en sécurité pour marcher seuls la nuit — devant le Royaume-Uni, la France et même les États-Unis.
Avec un score de 78 %, le Rwanda se classe 38ᵉ au niveau mondial, devançant des pays historiquement réputés pour leur stabilité.
Le Royaume-Uni atteint 76 %, la France 73 %, tandis que les États-Unis ferment la marche à 71 %.
Sur le continent africain, seul l’Égypte fait mieux (82 %), suivie de près par le Rwanda et l’Algérie.
Ce résultat n’est pas le fruit du hasard.
Le Rwanda a fait de la sécurité une pierre angulaire de sa reconstruction nationale depuis le génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi.
En trois décennies, le pays a patiemment rebâti ses institutions, misé sur la discipline administrative et la proximité entre citoyens et forces de l’ordre.
Les données du Rwanda Governance Board (RGB), publiées en novembre 2024, confirment cette confiance : 97,1 % des Rwandais déclarent avoir confiance dans la Police nationale, et 99 % dans les Forces de défense rwandaises (RDF).
Ces chiffres traduisent une relation forte entre population et institutions, fondée sur la transparence, la discipline et la confiance mutuelle.
Le Rule of Law Index 2024 renforce cette image : le Rwanda se maintient parmi les pays africains les plus respectueux de l’État de droit, et progresse sur la scène internationale, passant de la 33ᵉ place en 2021 à la 27ᵉ en 2023.
Cette progression traduit une stabilité institutionnelle et une application rigoureuse des règles, conditions indispensables à la sécurité publique.
L’efficacité du modèle rwandais repose sur une gouvernance centralisée mais pragmatique, où la responsabilité communautaire joue un rôle de premier plan.
Dans un pays où la mémoire du chaos reste vive, la paix est perçue non comme un acquis, mais comme une construction collective quotidienne.
L’image d’un pays africain se plaçant devant des puissances comme la France ou les États-Unis en matière de sécurité interpelle. Elle bouscule les imaginaires encore marqués par les clichés d’instabilité et de fragilité institutionnelle.
Le Rwanda prouve que la sécurité n’est pas qu’une question de moyens économiques, mais aussi de cohérence politique et de vision.
“Umwana yankwa niwe akura” — “l’enfant rejeté est celui qui grandit.” Ce proverbe rwandais-rundi résume à lui seul le parcours d’un pays longtemps meurtri et marginalisé, mais qui trace aujourd’hui une voie nouvelle.
Jadis symbole de tragédie, le Rwanda incarne désormais la résilience et la confiance retrouvée. Dans le calme de Kigali la nuit, se lit une philosophie de reconstruction : celle d’un peuple qui a fait de la stabilité et de la solidarité une norme collective.
À l’heure où plusieurs nations font face à la défiance et à l’incertitude, le Rwanda rappelle qu’un avenir sûr peut naître d’une volonté partagée et d’une foi profonde en la communauté.
