Kigali, longtemps perçue comme une capitale africaine tranquille et modeste, est sur le point de réinventer son image. Ici, les collines verdoyantes et les rues soigneusement tracées se préparent à accueillir un projet qui semble sorti d’un film de science-fiction : un réseau de téléphériques traversant la ville, transformant le ciel en une autoroute urbaine.

L’idée a germé en pleine pandémie de COVID-19, quand le PDG de Ropeways Transit Rwanda Limited (RTRL), Muyiwa Omololu, très conscient des défis liés à la topographie vallonnée de Kigali, à l’urbanisation rapide et aux limites de l’expansion routière, a imaginé un transport alternatif.

« Plutôt que de construire davantage de routes, coûteuses et encombrantes, pourquoi ne pas prendre le transport… dans les airs ? » s’interrogeait-il.

Kigali, avec ses collines pittoresques et sa population croissante, avait le terrain parfait pour cette révolution aérienne.

Le projet prévoit neuf lignes reliant quartiers résidentiels, centres d’affaires, infrastructures sportives et lieux de loisirs.

Les premières lignes relieront la gare routière de Nyabugogo au centre-ville et le Kigali Convention Centre à Remera, desservant notamment le stade Amahoro et BK Arena, tout en offrant aux passagers un panorama inédit sur la ville.

Chaque cabine, élégante et écoénergétique, transporte dix passagers dans un confort silencieux, tout en réduisant le trafic routier et les émissions de CO₂.

Une station sera construite à proximité du Kigali Convention Centre (KCC) dans le cadre de la nouvelle ligne de téléphérique.

D’un point de vue financier, le projet attire des acteurs de premier plan.

Des discussions sont en cours avec le milliardaire nigérian Aliko Dangote, tandis que la Banque africaine de développement a déjà octroyé une subvention pour les études de faisabilité.

Afreximbank, Africa50 et la Africa Finance Corporation ont également exprimé leur intérêt pour des investissements futurs.

La technologie retenue est à la pointe : construite par Doppelmayr (Autriche), spécialiste mondial des téléphériques, avec l’appui de Outdoor Engineers (Suisse) et Planet Projects (Rwanda), elle intègre des systèmes de sécurité sophistiqués.

Des capteurs détectent automatiquement les obstacles, et les cabines peuvent redescendre en toute sécurité en cas de panne électrique.

Mais Kigali ne se contente pas de penser transport : elle construit une image de capitale moderne, durable et innovante, capable de rivaliser avec Medellín ou La Paz, références mondiales en matière de téléphériques urbains.

L’impact du projet dépasse le simple transport. En réduisant le trafic routier de plusieurs milliers de véhicules, il contribue aux objectifs climatiques du Rwanda, tout en créant environ 3 000 emplois dès la première phase, avec une formation locale pour assurer l’exploitation et la maintenance à long terme.

Les zones entourant les stations devraient également connaître une hausse de la valeur foncière, stimulant de nouvelles opportunités d’affaires et de développement immobilier.

Mais au-delà de l’urbanisme et de l’économie, le projet ouvre une nouvelle dimension pour le tourisme à Kigali.

Les visiteurs pourront admirer la ville depuis les airs, découvrant ses collines, ses quartiers et ses sites emblématiques sous un angle inédit.

Si tout se déroule comme prévu, la construction débutera en 2026 et le réseau sera opérationnel en 2028, rapporte le quotidien IGIHE.

Kigali ne se contentera plus de croître sur le sol : elle s’élèvera dans les airs, offrant aux résidents et aux touristes une expérience urbaine unique, mêlant innovation, durabilité et émerveillement.

Le PDG de RTRL, Muyiwa Omololu, aux côtés du magnat nigérian Aliko Dangote, lors de l’inauguration officielle de Zaria Court à Kigali, le 28 juillet 2025