À la suite des élections législatives et communales du 5 juin 2025, les experts des Nations Unies expriment une profonde inquiétude face à l’augmentation des violations graves des droits humains au Burundi.

Selon eux, la répression menée durant le processus électoral a pris une ampleur alarmante, ciblant particulièrement les opposants politiques, les journalistes, les défenseurs de la société civile ainsi que de nombreux citoyens ordinaires.

Les organisations burundaises de défense des droits humains ont dressé un constat glaçant : entre janvier 2024 et mai 2025, plus de deux cents cas de violences sexuelles, dont des viols d’enfants, cinquante-huit disparitions forcées, soixante-deux actes de torture, près de neuf cents détentions arbitraires et plus de six cents exécutions extrajudiciaires ont été recensés.

Ces actes seraient imputables à des agents de l’État ou à des individus agissant sous leur protection, notamment le Service national de renseignement, la police et la milice de jeunesse du parti au pouvoir, les Imbonerakure.

Dans un contexte d’impunité généralisée, cette dernière poursuit ses actions de harcèlement et de terreur assimilées à une véritable justice de rue.

Le climat de peur s’est intensifié à l’approche du scrutin.

La victoire écrasante du CNDD-FDD, qui a revendiqué 96 % des voix et l’intégralité des sièges de l’Assemblée nationale, a été obtenue au terme d’un processus marqué par de nombreuses pratiques coercitives.

Les habitants ont été contraints de s’inscrire sur les listes électorales, de verser des contributions financières obligatoires et, dans certains cas, de se soumettre à la validation préalable de représentants de l’État pour accéder à des services publics essentiels.

Tout refus a donné lieu à des menaces, à des saisies arbitraires, voire à des violences.

Pour les experts de l’ONU, une élection organisée dans de telles conditions ne peut être considérée comme libre ni équitable.

Ils regrettent par ailleurs l’absence de coopération du gouvernement burundais, qui persiste à ignorer les interpellations internationales, refuse de collaborer avec le Rapporteur spécial et maintient la fermeture du bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme dans le pays.

Les journalistes et les voix critiques se trouvent particulièrement exposés.

L’enlèvement récent de la journaliste Aline Sandra Muhoza illustre la spirale répressive qui frappe quiconque est perçu comme proche de l’opposition, y compris les familles des personnes ciblées.

Depuis la fin de l’année 2023, les disparitions forcées, arrestations arbitraires et exécutions sommaires visant des opposants, des militants et des défenseurs des droits humains se sont multipliées.

Les experts rappellent que la Commission d’enquête sur le Burundi avait déjà averti, en 2021, que de telles violations, lorsqu’elles sont systématiques et commises dans un contexte électoral, peuvent relever de crimes contre l’humanité au regard du droit international.

Ils exhortent aujourd’hui les autorités burundaises à remplir leurs obligations : prévenir ces crimes, traduire les responsables en justice, protéger les victimes et mettre fin à une impunité qui alimente la terreur.