
Alors que les autorités burundaises resserrent leurs liens avec Les FDLR, mouvement terroriste héritier direct de l’idéologie exterminatrice du Hutu Power, responsable du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, la communauté burundaise en exil au Rwanda a choisi une voie diamétralement opposée.
Vendredi 5 septembre, des jeunes du Mouvement international de la jeunesse burundaise (MIJB), branche du Rwanda, ont conduit une visite d’étude et de mémoire au Mémorial du génocide perpétré contre les Tutsi de Gisozi, à Kigali.
L’objectif de cette démarche, selon les organisateurs, était de tirer les leçons de l’histoire afin de sensibiliser la communauté burundaise contre la propagation de l’idéologie génocidaire, toujours vivace dans la région des Grands Lacs.
Au cours de cette visite, les participants ont revisité les mécanismes ayant conduit au génocide contre les Tutsi au Rwanda, qui fit plus d’un million de morts en cent jours.
Ils ont découvert comment une idéologie d’exclusion et de haine, longtemps banalisée, a fini par se transformer en entreprise d’extermination systématique.
« Nous sommes venus apprendre pour mieux comprendre et prévenir. Tout commence dans les mentalités. Pour combattre cette idéologie, il faut d’abord guérir les esprits et déconstruire les pensées d’exclusion », a déclaré Bizoza Deo, délégué général du MIJB.
Selon lui, l’histoire du Rwanda et celle du Burundi, deux pays voisins partageant des trajectoires similaires, imposent une vigilance accrue face aux discours de haine et aux pratiques discriminatoires.
Les jeunes Burundais ont également exprimé leurs préoccupations face à la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC), où les populations tutsi locales continuent d’être prises pour cibles.
Ils ont dénoncé l’implication des forces burundaises aux côtés des FDLR, y voyant une preuve de la persistance de l’idéologie génocidaire au sein même de certains cercles dirigeants à Bujumbura.
« Ce qui se passe en RDC est alarmant. On assiste à des massacres justifiés par l’appartenance ethnique. Le plus grave, c’est que certains gouvernements de la région, au lieu de condamner, s’associent à ces crimes », a poursuivi Bizoza Deo.
Nsabyumuremyi Oscar, délégué du MIJB – Rwanda , a estimé que « s’allier aux FDLR, c’est cautionner le génocide. Cela met en danger non seulement les Congolais tutsi, mais aussi la stabilité et l’image du Burundi lui-même ».
Pour ces exilés, la solution passe par une prise de conscience collective.
Ils appellent chaque citoyen burundais à rejeter l’idéologie de haine, rappelant que personne ne choisit son origine ni son appartenance ethnique.
« Le danger est que cette idéologie traverse les frontières et menace tout le bassin des Grands Lacs », a averti Havyarimana Audace, membre de la communauté burundaise ayant rejoint le MIJB lors de cette visite.
Cette visite, survenue alors que les autorités burundaises ont fermé les frontières avec le Rwanda dans un climat de méfiance et d’hostilité, met en lumière le courage d’une communauté qui choisit malgré tout de rejoindre le peuple rwandais, son peuple jumeau, afin de consolider le serment du Never Again.
Crédit photo : Mukayiranga Esther / IGIHE