
Le Burundi, pays enclavé d’Afrique de l’Est, se trouve au cœur d’une intensification des aléas climatiques. Inondations, glissements de terrain et sécheresses frappent régulièrement ses populations et fragilisent son économie. Face à cette réalité, le pays amorce un virage stratégique : passer d’une gestion réactive des catastrophes à une approche préventive et planifiée.
Pendant des décennies, la réponse aux crises au Burundi a été essentiellement ponctuelle.
Les catastrophes provoquaient pertes humaines, destruction de logements et des récoltes, suivies d’une reconstruction souvent identique à la précédente, ignorant les vulnérabilités structurelles des zones affectées.
Ce cycle répétitif a non seulement un coût humain considérable, mais il perpétue la fragilité économique et sociale, particulièrement pour les communautés les plus marginalisées.
C’est dans ce contexte que s’est tenu, à Gitega, un atelier de quatre jours sur la Réduction des Risques de Catastrophe (RRC) et l’Adaptation au Changement Climatique (ACC).
L’initiative vise à intégrer ces notions au cœur du développement national, en formant cadres et acteurs clés pour faire de la gestion des risques un volet permanent de la planification.
Du développement territorial à l’agriculture, chaque secteur doit désormais prendre en compte les risques climatiques, afin de limiter l’impact des catastrophes futures.
Selon Ioana Creitaru, spécialiste du PNUD, ce projet, cofinancé par l’Union européenne, ambitionne de renforcer la gouvernance des risques, améliorer les capacités de redressement et accroître la résilience des populations vulnérables.
Des actions concrètes ont déjà été menées, comme la sensibilisation des communes, l’élaboration d’une politique nationale de réduction des risques et l’évaluation des besoins post-catastrophes après les inondations liées au phénomène El Niño.
Pour la délégation de l’Union européenne, le Burundi figure parmi les vingt pays les plus exposés au changement climatique.
Didier Carton alerte sur les conséquences économiques et sociales des catastrophes récurrentes : entre septembre 2023 et mai 2024, plus de 300 000 personnes ont été touchées par El Niño, dont 100 000 déplacées.
Il souligne également qu’un franc investi dans la gouvernance des risques permet d’économiser seize francs, illustrant la rentabilité d’une approche proactive.
L’enjeu dépasse la simple prévention : il s’agit de transformer le développement burundais en un processus résilient et durable.
L’atelier de Gitega a permis de familiariser les participants avec l’intégration de l’ACC et de la RRC dans les politiques publiques, la planification budgétaire sensible aux risques et les outils de financement adaptés.
Cette démarche marque le début d’un nouveau cycle où la sensibilisation et la conscientisation des décideurs au niveau national et local conditionnent l’efficacité des mesures à venir, selon Jonas Mfouatie, représentant du PNUD.
Alors que le Burundi continue de faire face à des défis climatiques croissants, la stratégie d’anticipation et de résilience constitue une avancée majeure.
Plus qu’un simple exercice de formation, elle pose les fondations d’un développement capable de limiter les pertes humaines et économiques, tout en consolidant la sécurité et la stabilité des communautés face aux catastrophes futures.