
La récente étude publiée dans le New England Journal of Medicine met en lumière un fait rare dans l’histoire des épidémies africaines : le Rwanda a su, en quelques semaines seulement, contenir et maîtriser sa toute première flambée de maladie à virus de Marburg, enregistrant au passage le taux de mortalité le plus faible jamais rapporté pour ce type de crise sanitaire.
Cette réussite, loin d’être un hasard, illustre la convergence entre préparation, coordination et usage raisonné de la science.
Tout commence à l’automne 2024, lorsque deux hôpitaux de Kigali identifient une série de cas suspects de fièvre hémorragique virale.
Le virus s’était introduit dans le système hospitalier par un jeune mineur exposé aux chauves-souris roussettes d’Égypte, hôtes naturels du pathogène.
Très vite, la contagion frappe le personnel de santé : plus de cinquante soignants seront touchés, révélant la vulnérabilité des environnements médicaux face à une menace souvent imprévisible.
Pourtant, là où d’autres pays avaient enregistré des taux de létalité vertigineux – jusqu’à 90 % –, Kigali va inverser la tendance, ramenant le bilan à 23 %.
Ce résultat s’explique d’abord par une détection fulgurante.
Les autorités de santé publique, épaulées par l’Organisation mondiale de la santé, mettent en place une surveillance intensive et un traçage méticuleux des contacts.
Plus de six mille personnes sont testées en quelques semaines, réduisant au minimum les zones d’ombre épidémiologique.
Dans un second temps, la prise en charge clinique se démarque par l’usage précoce de traitements expérimentaux.
L’antiviral remdesivir est administré à cinquante-deux patients, avec un taux de survie remarquable, tandis qu’un petit groupe bénéficie d’anticorps monoclonaux.
Aucun effet indésirable significatif n’est observé, renforçant la confiance dans ces outils thérapeutiques encore en phase d’évaluation.
Mais c’est l’introduction rapide du vaccin ChAd3-MARV qui donne toute sa dimension à la stratégie rwandaise.
Moins de deux semaines après la déclaration officielle de l’épidémie, plus de 1 700 personnes à haut risque, majoritairement des soignants, reçoivent une première dose dans le cadre d’une autorisation d’urgence couplée à un essai clinique.
Cette décision audacieuse, conjuguée à un strict respect des protocoles hospitaliers, freine l’expansion du virus et sécurise les premières lignes de défense.
En filigrane, l’expérience rwandaise met en évidence la valeur des systèmes de santé qui privilégient anticipation et discipline collective.
Cette expérience rwandaise démontre que la science, alliée à une gouvernance réactive, peut inverser le destin d’une épidémie et réduire considérablement son impact.
Lorsque, le 20 décembre 2024, le pays déclare officiellement la fin de la crise après 42 jours sans nouveau cas, c’est bien plus qu’une victoire sanitaire : c’est la preuve que la rapidité et la rigueur sauvent des vies.