Les représentants des réfugiés burundais de Nyarugusu ont remis à Ruvendrini Menikdiwela, haute responsable du HCR chargée de la protection, un dossier détaillant leurs graves préoccupations lors de sa visite en Tanzanie. Malgré l’ampleur de ces inquiétudes, le HCR n’en a pas fait état publiquement, un silence qui accentue le sentiment de mépris et d’abandon ressenti par la communauté réfugiée.

Au cœur de ces inquiétudes se trouve la fermeture récente d’un hôpital géré par l’ONG Medical Team International.

Située dans la zone 10, cette structure accueillait principalement des enfants en bas âge et des femmes enceintes, une population particulièrement vulnérable dans ce contexte précaire.

Le camp, qui abrite plus de 110 000 personnes, dont environ 50 000 Burundais selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), se voit privé d’un service médical essentiel.

« Ils viennent de frapper fort car l’hôpital servait de poumon pour nous », ont réagi des représentants burundais, rappelant que trois autres hôpitaux avaient déjà fermé au cours de l’année écoulée, tous dans des zones habitées majoritairement par des Burundais.

Dans la zone 8, il ne reste désormais qu’une seule structure, jugée insuffisante pour répondre aux besoins d’une telle population.

Certains dénoncent même une inégalité de traitement par rapport aux réfugiés congolais, moins touchés par ces fermetures.

L’annonce est intervenue à la veille de la visite de Ruvendrini Menikdiwela, assistante du Haut-Commissaire des Nations unies chargée de la protection, venue rencontrer les réfugiés et les autorités tanzaniennes.

Les leaders burundais en ont profité pour remettre à la responsable onusienne un document exposant leurs préoccupations : fermetures d’écoles et d’hôpitaux, risques de rapatriement forcé, disparitions inexpliquées, arrestations arbitraires.

Mais ces revendications n’ont pas été évoquées publiquement par la représentante du HCR, ce qui a nourri un sentiment d’amertume.

« L’essentiel est que nous avons fait notre devoir de lancer la sonnette d’alarme », ont déclaré des réfugiés, estimant que le silence officiel ne les empêchait pas d’avoir rempli leur responsabilité de témoins.

Au cours de son séjour, Mme Menikdiwela a rencontré les autorités tanzaniennes et discuté des perspectives à long terme pour les réfugiés installés dans le pays.

Elle a rappelé que tout retour au Burundi devait rester volontaire, un message perçu comme rassurant par une partie des réfugiés.

Plusieurs espèrent que sa présence contribuera à mettre fin aux pressions exercées sur ceux qui refusent de rentrer.

La responsable du HCR doit également se rendre dans le camp de Nduta, qui accueille plus de 58 000 Burundais.