Il y a douze ans, sur les collines verdoyantes du Rwanda, le café était cultivé avec passion… mais souvent sans rendement à la hauteur des efforts des producteurs. Aujourd’hui, les mêmes paysans parlent d’une véritable métamorphose : leurs grains, autrefois limités aux marchés locaux, séduisent désormais les palais les plus exigeants à l’international.

Au cœur de cette transformation, un partenaire discret mais déterminant : l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA).

« Ils nous ont appris à respecter le café du champ jusqu’à la tasse », raconte Moses Mbonimpaye, membre de la coopérative KOPAKAKI, le regard rempli de fierté.

Tailler correctement un arbre, choisir le bon sol, récolter les cerises à maturité, maîtriser le lavage, la torréfaction et même l’art du brassage : autant de gestes affinés grâce aux formations offertes par la JICA.

Mais le véritable déclic fut ailleurs.

« On connaissait le café, mais nos revenus ne suivaient pas. Les experts japonais nous ont rappelé que tout commence à l’arbre : améliorer sa productivité, c’est changer le destin du producteur », ajoute-t-il.

L’expérience ne s’est pas limitée aux collines rwandaises.

Des voyages d’études en Colombie, au Costa Rica ou encore aux États-Unis ont permis aux cultivateurs d’observer de près comment les géants du café valorisent leurs récoltes.

Pour Benoît Habinshuti, de la coopérative ARABICA, cette ouverture a transformé leur vision : « Avant, nous faisions le café comme nous pensions bien le faire, sans grande ambition internationale. Mais JICA nous a montré que notre café pouvait répondre aux standards mondiaux. Aujourd’hui, nous savons qu’il peut rivaliser sur la scène internationale. »

Ces nouvelles compétences ont dopé la confiance des coopératives, qui, soutenues par la JICA, la NAEB et le RAB, ont appris à viser l’excellence et à élever la qualité de leurs grains jusqu’aux standards des plus grands crus.

Cette dynamique a trouvé un symbole éclatant en 2024, lorsque l’initiative Best of Rwanda a consacré le chemin parcouru.

Sur près de 300 échantillons présentés par les producteurs, 19 cafés d’exception ont été sélectionnés pour une vente aux enchères internationale.

Les prix se sont envolés : jusqu’à 100 000 francs rwandais le kilo, quand la moyenne du marché plafonnait à 10 000 francs.

« Le café rwandais construit pas à pas une réputation mondiale », souligne Kosuke Nakajima, expert de la JICA, qui rêve de voir émerger une véritable Rwanda Coffee Brand, aussi identifiable et respectée que celles de pays historiques comme l’Éthiopie ou la Colombie.

Même ceux qui ne décrochent pas de contrats internationaux profitent de l’événement. En observant leurs pairs et en écoutant les acheteurs, ils affinent leur savoir-faire et perfectionnent leur production.

L’histoire du café rwandais s’écrit désormais au pluriel : celle des coopératives qui grandissent, des familles qui voient leurs revenus augmenter et d’un pays qui s’affirme sur la carte mondiale des cafés d’exception.

Alors que la JICA fête les 20 ans de la réouverture de son bureau au Rwanda, les producteurs de café voient plus loin que leurs collines.

Leur ambition ne se limite plus à cultiver un grain : ils veulent offrir au monde l’âme parfumée du Rwanda, dans chaque tasse.