Alors que la planète entière s’est unie, 10 octobre, pour marquer la Journée mondiale de la santé mentale, le Burundi continue de faire face à une réalité silencieuse mais criante : la détresse psychologique de sa population.

Le thème choisi pour l’édition 2025, centré sur l’accès aux soins en période de catastrophes et de crises, trouve un écho particulier dans un pays encore marqué par les traumatismes du passé.

Dans les rues de Bujumbura, les visages perdus de ceux que la folie a pris en otage racontent, sans un mot, l’ampleur d’un drame social.

Les séquelles des guerres civiles, la pauvreté endémique, le chômage ou les maladies chroniques nourrissent une souffrance mentale souvent ignorée.

L’étude menée en 2019 par le ministère de la Santé, en partenariat avec la Coopération suisse, avait déjà tiré la sonnette d’alarme : les troubles psychiques sont en hausse, alimentés par un cocktail de détresse économique et d’isolement social.

Mais au-delà du constat, c’est l’absence de réponse qui frappe.

Le Centre Neuropsychiatrique Kamenge, unique structure de référence nationale, peine à répondre à la demande.

Dans les provinces, l’accès aux soins spécialisés relève presque de l’impossible.

Les médicaments, rares et coûteux, échappent à la plupart des patients, qui interrompent leur traitement dès que les finances manquent.

Résultat : des rechutes à répétition et une marginalisation accrue des malades.

Cette vulnérabilité devient encore plus criante dans les situations d’urgence.

L’Organisation internationale pour les migrations rappelle qu’une personne sur trois touchée par une catastrophe présente des troubles psychologiques, et qu’une sur vingt souffre de pathologies graves.

Au Burundi, où les déplacements forcés et la précarité sont monnaie courante, ces chiffres ne sont pas que des statistiques : ils traduisent une souffrance collective, invisible mais bien réelle.

Pourtant, la santé mentale devrait être considérée comme un pilier du développement humain.

Elle conditionne la stabilité des familles, la cohésion des communautés et la reconstruction d’un pays encore hanté par ses blessures.

Or, faute de moyens, de volonté politique ou simplement de reconnaissance du problème, elle reste confinée dans l’ombre.

Face à ce constat, un sursaut s’impose. Former des psychologues, renforcer les structures locales, subventionner les traitements, sensibiliser les familles : autant de pas urgents vers une société plus attentive à ses fragilités.