
Plus de deux cents hommes ont été arrêtés simultanément dans plusieurs provinces du Burundi à l’issue d’une opération policière d’envergure. Rassemblés à Bwambarangwe, en commune de Busoni, province de Butanyerera, ils sont accusés d’alimenter la crise qui secoue actuellement le transport routier, déjà fragilisé par une grave pénurie de carburant.
Ces arrestations ont eu lieu à Bujumbura, la capitale économique, ainsi que dans plusieurs communes du nord-ouest et du sud-ouest du pays, notamment Cibitoke, Rumonge, Bubanza, Makamba et Burunga.
D’après plusieurs témoignages, elles visent principalement trois catégories d’acteurs du secteur du transport : les commissionnaires accusés de spéculer sur la revente des billets de bus, les rabatteurs connus sous le nom d’« Abakokayi » et les chauffeurs en grève.
La tension couve depuis plusieurs semaines, alimentée par une pénurie persistante de carburant qui entraîne une flambée des prix.
Sur certaines lignes, le coût d’un trajet a plus que doublé, obligeant les voyageurs à payer jusqu’à 50.000 francs burundais pour des destinations dont le tarif officiel est pourtant plafonné à 16.500 FBu.
Le litre de carburant, quant à lui, s’arrache à plus de 22.000 FBu sur le marché noir, alors que le prix fixé par l’État est de 4.000 FBu.
Face à cette situation, de nombreux chauffeurs jugent impossible de continuer à travailler sans revoir les tarifs à la hausse.
Leur grève, déclenchée pour protester contre l’immobilisme des autorités, a progressivement paralysé les principales lignes reliant Bujumbura aux provinces de l’intérieur.
Pour contenir la contestation, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’interpellation de plusieurs acteurs du secteur, qui ont été acheminés à Bwambarangwe à bord de camions de police.
Sur place, les conditions de détention soulèvent de vives inquiétudes. Faute de place dans les cellules, les personnes arrêtées sont regroupées dans la cour du commissariat, exposées au risque de maladies liées au manque d’hygiène et à l’insuffisance de nourriture.
Seule la solidarité de la population locale leur permet de recevoir de l’eau et quelques vivres.
Des associations de défense des droits humains appellent les autorités à améliorer d’urgence les conditions de détention et à envisager un transfert vers les provinces d’origine pour désengorger le site de Bwambarangwe.
De leur côté, la police et l’administration gardent le silence, refusant de répondre aux sollicitations des médias.