Le Burkina Faso vient d’envoyer un signal qui dépasse largement ses frontières. En décrétant la gratuité du visa pour tous les ressortissants africains, le gouvernement du capitaine Ibrahim Traoré inscrit son pays dans une dynamique rare et ambitieuse : celle d’un panafricanisme qui s’exprime dans les actes et non plus seulement dans les discours.

La décision, prise en Conseil des ministers, jeudi 11 septembre 2025, est hautement symbolique. Elle traduit la volonté d’effacer des barrières financières longtemps perçues comme un obstacle à la libre circulation des Africains sur leur propre continent.

Jusque-là, entrer au Burkina Faso pouvait coûter cher : près de 84 euros pour un visa touristique simple, et jusqu’à 183 euros pour un visa d’affaires à entrées multiples.

Autant dire que pour de nombreux voyageurs, étudiants ou entrepreneurs, la facture constituait un frein réel. En supprimant ces frais, Ouagadougou allège le fardeau et ouvre plus grand ses portes.

Mais il ne s’agit pas d’une suppression pure et simple du visa.

Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a tenu à rappeler que la gratuité ne signifie pas exemption.

Les ressortissants africains devront toujours déposer une demande en ligne, fournir les documents requis et attendre l’approbation.

La démarche reste donc obligatoire, mais désormais sans frais.

Ce maintien de la procédure rassure quant à la vigilance sécuritaire, dans un contexte où le pays affronte encore les menaces du terrorisme et l’instabilité régionale.

Le Burkina choisit ainsi de conjuguer ouverture et prudence, confiance et contrôle.

La portée de cette décision est multiple.

Elle est d’abord politique, parce qu’elle place le pays des Hommes intègres dans le camp de ceux qui croient à une Afrique unie et solidaire.

Elle est économique, car en levant une barrière financière, elle peut stimuler le tourisme, dynamiser les échanges commerciaux et encourager les investissements.

Elle est culturelle aussi, puisqu’elle facilite les rencontres, les mobilités étudiantes, les projets associatifs et artistiques qui participent à tisser une identité africaine partagée.

Enfin, elle est diplomatique, car elle conforte l’image du Burkina Faso comme un État moteur dans la construction d’une intégration régionale réelle.

À travers ce geste, Ouagadougou rejoint la démarche de pays comme le Rwanda,le Kenya ou le Bénin, qui ont eux aussi facilité ou supprimé les visas pour les Africains.

Mais le Burkina se distingue par le moment choisi : celui d’une période où, malgré les crises et les menaces, il fait le pari de l’ouverture.

C’est un message de résilience et de confiance en l’avenir. Le pays affirme ainsi qu’il ne se replie pas, qu’il croit en la force des solidarités africaines et qu’il entend être un carrefour des échanges, des idées et des énergies.