Les réfugiés burundais du camp de Meheba expriment leur colère et leur sentiment d’injustice après la mort d’un compatriote de 60 ans, reconnu de tous pour son combat incessant en faveur d’une prise en charge médicale digne.

Jean Pierre Niyongabo, natif de Bururi, avait rejoint le camp en 2019 avec son épouse, ses enfants et un lourd dossier médical attestant de ses fragilités cardiaques.

Pendant des années, il avait multiplié les démarches auprès des ONG et des structures sanitaires, réclamant en vain son transfert vers un hôpital spécialisé.

« Il se présentait presque chaque jour à l’hôpital du Bloc D. Les infirmiers le reconnaissaient immédiatement, car il ne cessait de réclamer ses droits », confie un responsable communautaire.

Un autre réfugié se souvient de le voir « déambuler avec ses papiers, espérant que quelqu’un l’écoute ».

La semaine dernière, Niyongabo a été retrouvé mort à son domicile, sans que les autorités du camp ne fassent d’annonce officielle.

Pour plusieurs résidents, ce silence s’apparente à un mépris.

« C’est un drame. Il aurait au moins dû finir ses jours sur un lit d’hôpital, pas dans la solitude », regrette un voisin.

Sa disparition alimente la colère de nombreux réfugiés, qui y voient le symbole d’un abandon plus large.

« Ce décès montre que nous sommes laissés pour compte. Nos droits les plus élémentaires ne sont pas respectés », dénoncent-ils.

Le défunt laisse derrière lui une veuve et dix enfants, plongés dans le désarroi. Son cas relance les critiques récurrentes contre le manque chronique de médicaments et les lenteurs dans la prise en charge des malades à Meheba, où vivent plus de 27.000 réfugiés, dont environ 3.000 Burundais.