Le Lion Story vient de frapper comme un coup de tonnerre dans le cœur des mélomanes burundais de reggae à Kigali, ressuscitant avec force les grands tubes d’autrefois. Une déferlante musicale qui démontre, sans équivoque, que les chansons de Revolution Time demeurent plus que jamais sollicitées et pertinentes, au moment même où le CNDD-FDD s’acharne à déstabiliser Bujumbura et à étouffer toute voix discordante.

En cette période de fêtes de fin d’année, les dates du 26 et du 27 décembre ont pris une dimension particulière pour les Burundais vivant dans la capitale rwandaise.

Ces deux soirées ont été consacrées à la célébration de l’unité et de la mémoire collective à travers le concert Love and Unity, orchestré par le roi incontesté du reggae burundais, Lion Story.

Successivement au Copenhagen Lounge puis au New Bel’Air, le public s’est laissé emporter par une ambiance chargée d’émotion, faite de souvenirs, de fraternité et d’espoir.

Ils se sont délectés, dans l’honneur et le devoir de mémoire, des plus beaux moments d’un passé où la jeunesse burundaise s’était retrouvée unie, sans la moindre discrimination ethnique ou régionale, animée uniquement par l’amour de la patrie — une unité authentique dont la puissance avait déjà, en 2015, sérieusement ébranlé le CNDD-FDD.

Selon les organisateurs de cette rencontre musicale, Love and Unity concert visait avant tout à rassembler les Burundais autour de l’amour et de la solidarité.

Omer Nzoyisaba l’a exprimé avec simplicité et lucidité : « C’est cela dont ils ont besoin aujourd’hui ».

Il a également insisté sur la nécessité pour les Burundais, où qu’ils se trouvent, de continuer à se regrouper et à cultiver cet esprit d’unité.

Un message appuyé par Bwengenikindi Urbain, musicien et compositeur de Lion Story, qui s’est adressé directement à la diaspora en rappelant que la nation burundaise les attend toujours et que leur contribution demeure essentielle pour son avenir.

Ce type de moment n’est pas inédit.

En 2018 déjà, lors du concert donné par Lion Story le 25 février à Kigali, au centre Oasis of Peace, le message était identique.

À cette occasion, la très chère Oma Maggy Barankitse avait lancé un appel fort à la jeunesse burundaise, qu’elle soit en exil ou restée au pays, l’invitant à résister à toute forme de division et à s’engager pour reconstruire un Burundi fondé sur la dignité et la cohésion nationale.

De tels messages ont toujours constitué une véritable provocation pour le régime du CNDD-FDD.

Un retour en arrière suffit pour le comprendre.

Lion Story, à l’instar d’autres groupes rastas engagés comme Prophet Voice, a longtemps dénoncé sans détour les idéologies de haine et de division entretenues par le pouvoir.

Des titres comme Izangondagonde, qui fustige les faux procès et les violences institutionnelles, Rekura Umurasta, devenu un hymne populaire de la lutte pour la liberté, ou encore Tuzorutsinda, chant de résistance et d’espoir pour ceux qui refusaient l’autoritarisme, ont profondément marqué les consciences.

L’ensemble des chansons de l’album Revolution Time a incarné cette parole libre, directe et dérangeante pour un régime peu enclin à tolérer la critique.

Cette audace artistique n’est pas restée sans conséquences.

Les autorités sont allées jusqu’à interdire les tournées du groupe, cherchant à étouffer une voix devenue trop influente.

Un épisode reste gravé dans les mémoires, un concert a été même interdit par la mairie de Bujumbura, en août 2013 au Club Vuvuzela, à l’avenue du Large. Les fans sont rentrés déçus par une décision de la mairie.

Aujourd’hui encore, chaque apparition de Lion Story sur scène agit comme un rappel implacable : la musique peut être une arme pacifique redoutable. Elle rassemble, elle réveille les consciences et elle met à nu les failles d’une politique fondée sur l’exclusion.

Lion Story ne se contente pas de jouer du reggae. Le groupe porte une mémoire, une résistance et l’espoir tenace d’un Burundi réconcilié avec lui-même.