En Tanzanie, l’inquiétude grandit dans les camps qui abritent des dizaines de milliers de réfugiés burundais. Ces derniers jours, les autorités locales ont multiplié les déclarations laissant entendre que leur présence n’est plus tolérée et qu’un retour au Burundi est désormais inévitable, d’ici à la prochaine élection présidentielle prévue en 2027.

Dans la région de Kigoma, notamment dans les camps de Nduta et Nyarugusu, une délégation composée de responsables gouvernementaux et de représentants d’organisations humanitaires s’est rendue sur place pour délivrer un message clair : la Tanzanie ne souhaite plus accueillir ces réfugiés.

Le ton s’est voulu direct, presque brutal, lorsque le responsable du site de Nduta a déclaré que « tout doit être mis en œuvre pour qu’aucun réfugié burundais ne reste sur le territoire ».

Les ONG, elles, ont annoncé tour à tour l’arrêt progressif de leurs activités, évoquant des coupes budgétaires.

« Nous ne pouvons plus continuer à vous assister faute de moyens. Vous avez encore cinq mois pour regagner vos foyers », a lancé un représentant de Save the Children, repris mot pour mot par d’autres organisations telles que le Danish Refugee Council et l’International Rescue Committee.

Des acteurs essentiels, pourtant engagés dans des secteurs vitaux comme l’eau potable, l’éducation ou la prise en charge des plus vulnérables.

Le Programme Alimentaire Mondial, déjà contraint de réduire de moitié ses rations, prévient que la situation risque de se détériorer encore.

Même constat dans le domaine de la santé, où Médecins Sans Frontières pointe un manque criant de médicaments et une réduction drastique de son personnel, conséquence directe d’une politique nationale jugée dissuasive.

Face à ces annonces, le silence règne dans les camps. Réunis sur le terrain poussiéreux de la zone 5 à Nduta, les réfugiés se sont tus. L’amertume et la résignation ont pris le pas sur la colère.

« Nous n’avons plus rien à dire. Nos appels n’ont jamais été entendus », souffle l’un d’eux.

Certains dénoncent une mise en scène destinée à les pousser à partir, parlant d’« homélie incriminante ».

Dans l’ombre de ces menaces, un chef de village a confirmé un exode progressif vers le Burundi, alimenté par la peur et le désespoir.

« Les réfugiés s’enregistrent par centaines. On a été abandonnés », confie-t-il, amer.

Ces pressions contredisent pourtant le principe fondamental de non-refoulement inscrit dans la Convention de Genève de 1951, qui interdit de renvoyer des personnes vers un pays où leur vie serait en danger.

Mais pour beaucoup, cette protection internationale n’est plus qu’un lointain espoir. Le Haut-Commissariat pour les Réfugiés est accusé d’impuissance, incapable d’empêcher ce rapatriement forcé déguisé.

Aujourd’hui encore, malgré les risques, certains Burundais continuent de franchir la frontière pour trouver refuge en Tanzanie, symbole d’un cycle sans fin où l’espoir d’un abri se heurte à une réalité de plus en plus hostile.

À moins d’un an et demi de l’échéance annoncée, plus de 110 000 réfugiés burundais vivent désormais dans l’angoisse de devoir reprendre un chemin qu’ils avaient fui, souvent au péril de leur vie.