Le Rwanda et ses partenaires internationaux ont officialisé un projet de 10 millions d’euros destiné à accompagner des milliers de réfugiés vers une autonomie économique durable.

Signé à Kigali le 18 novembre par le gouvernement rwandais, l’Union européenne (UE), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le programme Refugee Socio-Economic Graduation & Livelihood Opportunities in Rwanda marque une étape importante dans la transition de l’aide humanitaire vers des solutions de développement.

Sur trois ans, l’initiative ciblera 4 000 ménages — dont 3 200 réfugiés et 800 familles des communautés hôtes — avec un objectif clair : réduire la dépendance structurelle à l’aide.

Elle s’inscrit dans la Stratégie rwandaise de graduation durable des réfugiés (2025–2030), qui vise à permettre à la moitié des ménages réfugiés du pays de devenir autonomes à l’horizon 2030.

Le Rwanda accueille aujourd’hui plus de 136 000 réfugiés, principalement originaires de la République démocratique du Congo et du Burundi.

Beaucoup vivent depuis longtemps dans une situation d’assistance prolongée, difficile à briser sans dispositifs d’inclusion économique.

Le programme propose ainsi un ensemble séquencé d’interventions : transferts monétaires ciblés, kits matériels, formations à l’entrepreneuriat et à l’agriculture intelligente face au climat, ainsi qu’un appui renforcé aux associations villageoises d’épargne et de crédit.

L’objectif est de créer un parcours progressif, structuré et sécurisé vers la résilience économique.

Pour le ministre rwandais en charge de la Gestion des urgences, MINEMA, le général-major à la retraite Albert Murasira, cette initiative représente « un jalon important » dans la création de voies crédibles vers l’autonomie pour les ménages réfugiés et hôtes.

Il souligne la force du partenariat multilatéral, essentiel pour produire un « changement tangible et durable ».

L’Union européenne, premier bailleur, voit dans cette démarche la confirmation de son engagement envers les stratégies nationales du Rwanda.

Martin Seychell, directeur général adjoint de la Direction des partenariats internationaux, rappelle que grâce à ce projet et à d’autres financés par l’UE, près de 20 % des ménages réfugiés devraient progresser vers l’inclusion économique.

Le programme reflète aussi l’approche intégrée de l’UE liant humanitaire, développement et paix, particulièrement pertinente dans un contexte mondial de ressources limitées.

Du côté du PAM, le directeur pays Andrea Bagnoli évoque un changement de paradigme : considérer les réfugiés comme des acteurs économiques capables de contribuer à la croissance locale.

Le HCR, par la voix de sa représentante Ritu Shroff, insiste quant à lui sur la conviction partagée que réfugiés et communautés hôtes ont le potentiel de mener des vies dignes et productives lorsque les conditions adéquates sont réunies.

Au-delà de son financement, cette initiative pourrait devenir un modèle reproductible pour d’autres contextes de déplacement prolongé.

En alignant l’aide internationale sur les priorités nationales et en ouvrant l’accès aux marchés et aux systèmes financiers, le Rwanda tente de démontrer qu’une transition vers l’autonomie est possible, même pour les populations les plus vulnérables.