Le Parlement rwandais a vivement réagi lundi 15 septembre à la résolution adoptée quatre jours plus tôt par le Parlement européen, réclamant la libération de l’opposante Victoire Ingabire.

Les deux chambres, réunies en séance plénière, ont dénoncé une ingérence dans les affaires intérieures du pays et un manque de respect envers ses institutions judiciaires.

Le 11 septembre, les eurodéputés avaient appelé Kigali à abandonner les poursuites visant Victoire Ingabire, arrêtée en juin pour constitution de groupe criminel et incitation à des troubles publics.

Bruxelles estime que ces charges seraient motivées politiquement.

Une position fermement rejetée par les parlementaires rwandais.

« Ce texte ne se contente pas de s’interroger sur la détention de Mme Ingabire, il véhicule des idées trompeuses qui salissent l’image de notre pays et remettent en cause l’intégrité de notre système judiciaire », a dénoncé la vice-présidente de la Chambre des députés, Beline Uwineza.

Les commissions permanentes compétentes ont été mandatées pour examiner en détail le contenu de la résolution et présenter un rapport conjoint.

Plusieurs élus ont exprimé leur indignation face au langage employé par les eurodéputés.

« Utiliser des formules comme ‘nous exigeons’ n’a rien de diplomatique. Cela traduit une mentalité coloniale qui ferme la porte à tout dialogue constructif », a estimé la députée Hope Tumukunde Gasatura.

Son collègue Balinda Rutebuka a, de son côté, dénoncé une atteinte directe à l’indépendance de la justice : « Se mêler des procédures judiciaires rwandaises revient à saper la souveraineté de notre pays. »

D’autres parlementaires ont rappelé que le Rwanda ne saurait être sommé de libérer une personne placée en détention préventive sur la base d’éléments recueillis par la justice.

« Notre pays compte onze partis politiques représentés au Parlement. Parler de restrictions à la vie politique est une contre-vérité », a souligné le député Jean-Claude Ntezimana.

La sénatrice Espérance Nyirasafari a renchéri : « Le Rwanda respecte les droits humains, mais personne ne peut se cacher derrière la liberté d’expression pour enfreindre la loi. Nous ne permettrons pas qu’on dicte à notre nation comment rendre la justice. »

Au terme des débats, le Parlement a réaffirmé sa volonté de répondre officiellement à la résolution européenne.

Pour les élus, la priorité est de défendre la souveraineté et l’image du Rwanda face à ce qu’ils considèrent comme une remise en cause injustifiée de son ordre institutionnel.